Gabrielle et sa crainte de revivre un arrêt de travail: exemple clinique
Dec 02, 2019«Tout d’un coup que je revivrais un autre arrêt de travail…» Voilà le scénario catastrophique de ma cliente Gabrielle (un pseudonyme), une infirmière dans la vingtaine.
Elle travaillait de nuit depuis près deux ans. Quelques mois avant de me consulter, elle avait vécu un arrêt de travail qui avait duré deux mois. La cause : des problèmes de sommeil découlant de son travail de nuit…
Lors d’une des séances de psychothérapie, elle m’a annoncé qu’elle allait bientôt occuper un poste de jour ou de soir, plutôt qu’un poste de nuit. Elle s’en réjouissait. Cependant, elle avait très peur de vivre à nouveau un arrêt de travail. Elle voulait mieux gérer cette appréhension. Je lui ai alors proposé l’Eye movement technique (EMT) comme technique d’intervention. Cette méthode allait-elle l’aider?
Première étape : la formulation du problème cible
Nous avons formulé le problème cible ainsi: «Tout d’un coup que je revivrais un autre arrêt de travail dans mon prochain poste…»
Sa peur associée à cette possibilité était, au départ, intense à 8/10.
J’ai invité ma cliente à se concentrer, yeux fermés, sur son scénario négatif. J’ai ensuite entamé une première série de tapping alterné pendant 3 minutes sur les genoux de la cliente (ce type de stimulation bilatérale est privilégié en EMT, même si le nom de la technique fait référence à des mouvements oculaires).
1re série de stimulation bilatérale
Au cours de la première série de tapping, Gabrielle s’est spontanément imaginée dans le futur en train de pleurer dans le bureau du médecin quand il lui annonce qu’il la met à nouveau en arrêt de travail. Elle s’est dit: « Ma famille aurait de la peine pour moi si jamais cela se produisait ».
La peur de ma cliente de revivre un arrêt s’est alors intensifiée (9/10). Une telle intensification n’est pas anormale. Elle indique simplement que la cliente est davantage en contact avec sa peur: une étape essentielle pour dissoudre la peur avec l’EMT.
2e série : un début de dédramatisation
J’ai effectué une seconde série de tapping. Une image a monté à l’esprit de ma cliente: elle s’est vue chez elle, dans le futur, en arrêt de travail. Elle s’est dit: «C’est plate, mais bon… Le pire, c’est d’annoncer la nouvelle à l’employeur et à la famille. Ce n’est pas la fin du monde d’être en arrêt de travail. Dans ce cas-là, ma tâche est de prendre soin de moi.»
J’étais impressionné en attendant ce nouveau raisonnement. Au terme de cette série, la crainte de Gabrielle était rendue à 7/10.
3e série : le rationnel qui embarque
Une troisième série de tapping a permis l’émergence d’autres éléments d’information dans la conscience de Gabrielle. Elle en est venue à se dire: « Il y a pire que ça. Mon arrêt avait duré juste huit semaines; ce n’est pas long par rapport à la durée des arrêts de travail d’autres collègues. C’est le travail de nuit qui m’affecte. Comme je travaillerai de jour ou de soir, il est peu probable que je revive un autre arrêt.»
La peur de Gabrielle de revivre un arrêt de travail a diminué significativement: 3/10. Wow! Continuons!
4e série : gratitude et libération
Sans tarder, j’ai effectué une 4e série. Ma cliente a spontanément adopté un point de vue positif: «Il n’y a rien là, un arrêt de travail. Je suis chanceuse de pouvoir bénéficier de congés de maladie au besoin. Bien des travailleurs n’ont pas cette possibilité.» Sa peur de revivre un arrêt se dissipa presque au complet (0-1/10).
Passons au bilan!
J’ai invité ma cliente à faire le bilan de la séance d’EMT. Elle constatait qu’elle avait dédramatisé la situation.
Elle était plus rationnelle : elle comprenait que si jamais elle devait aller en arrêt de travail (chose possible mais peu probable), cela ne serait pas la fin du monde.
Avec humour, Gabrielle a dit: «J’ai déjà surmonté un arrêt de travail: j’ai maintenant de l’expérience en la matière!» Autrement dit, elle avait plus confiance en sa capacité de faire face à un autre arrêt de travail.
La cerise sur le gâteau
Pour clore la séance d’EMT, j’ai fait une courte série de tapping alors que la cliente s’est concentrée sur une pensée positive de son choix: «Je suis mieux outillée pour surmonter un arrêt de travail.»
Un grain de sel à ajouter?
Au terme de cette séance, je n’avais RIEN à ajouter. Elle avait été, à mon avis, complète en soit: dédramatisation, rationalisation, libération, confiance et optimisme. Tout cela en moins de 40 minutes…
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